Dans l’église Saint-Louis-des-Français, se trouvent trois tableaux de Michelangelo Merisi, dit le Caravage.
En 4 panneaux, ci-dessous, vous est proposée une initiation à l’artiste et à ses œuvres.

Vous trouverez également en bas de la page des ressources vidéos sur le Caravage.

Histoire du Caravage

   Issu d’une famille lombarde au service du marquis de Caravaggio, Michelangelo Merisi passe les premières années de sa vie dans cette bourgade avant d’entrer, à l’âge de treize ans, comme apprenti dans l’atelier d’un peintre milanais. A 20 ans, sa réputation de rebelle, belliqueux et moqueur est déjà faite. Il quitte Milan où il avait beaucoup fréquenté les tribunaux et même fait un an de prison. A Rome, il travaille dans l’atelier du Cavalier d’Arpin puis pour le Cardinal del Monte. C’est pour lui qu’il réalisa la plupart de ses premières toiles, représentant des sujets le plus souvent profanes : natures mortes, scènes de genres et portraits.

En 1600, grâce à ses amitiés dans le milieu pro-français, il obtient la commande de la Vocation et du Martyre de saint Matthieu. Cette première grande commande de sujets religieux marque le principal tournant de sa carrière, lui permettant ainsi de démontrer sa capacité à traiter ce type de peinture. Son approche des sujets religieux est aussi ambivalente que la vie en clair-obscur qu’il mène entre les salons des princes et les bagarres de rue. Cette attitude le rend inclassable. Il n’est pas contestataire pas plus qu’il ne va dans le sens de l’édification de la foi. Plus qu’une manière picturale, le clair-obscur pourrait être le reflet de sa propre recherche spirituelle.

Le 26 mai 1606, il se bat en duel et tue son adversaire. Il doit alors prendre la fuite. Condamné à mort par contumace, il passera ses quatre dernières années à fuir sans jamais cesser de peindre, parvenant souvent à vendre ses toiles à des prix très élevés. Sans renier le style de ses peintures romaines, il évite l’ironie et l’insolence, et l’on peut dire qu’il cherche même à exprimer son repentir.

Il fuit d’abord dans le Latium, puis trouve refuge à Naples où il demeure un an avant de partir pour l’île de Malte. Là, il parvient à devenir chevalier de l’ordre de Malte. Sans doute parce qu’ils apprennent que c’est un assassin, il est destitué et emprisonné. Il s’échappe pour trouver refuge à Messine puis à Palerme avant de retourner à Naples.

Jamais il n’a cessé d’espérer une grâce de la part du Pape, et c’est sur la route qui le conduit vers Rome, où il allait tenter de convaincre le Pape de son repentir qu’il meurt, le 18 juillet 1610 sur la plage de Porto Ercole, dans des circonstances inconnues.

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 En passant, Jésus vit Lévi, le fils d’Alphée, assis au bureau de la douane, et lui dit « suis-moi ». Et, se levant, il le suivit.

 Dans ce bureau de douane, deux groupes de personnages se distinguent par leurs vêtements. A gauche, autour de St Matthieu, ils sont vêtus comme les contemporains du Caravage; le Christ et saint Pierre tels qu’ils pouvaient l’être à leur époque. Ainsi la scène se déroule hors du temps historique pour faire entrer le spectateur dans ce récit évangélique.

Le Christ, dans le même geste qu’Adam dans la fresque de la création de Michel Ange, prolonge la création de l’homme par Dieu, en vocation à suivre son appel. C’est cette main tendue qui franchit le « vide » qui sépare les deux groupes de personnages, séparation entre l’humain et le divin, le péché et la grâce. Ce franchissement devient ainsi l’ouverture de l’alliance entre Dieu et les hommes réalisée dans le don de la grâce. Avec ce geste, le Christ a engagé un dialogue auquel participent Pierre et Matthieu.

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 Au dessus de la main du Christ, une fenêtre ouverte, à meneaux en forme de croix, annonce la mort et la résurrection du Christ par laquelle il rachète les péchés. La vocation de Matthieu devient alors, non seulement le pardon de ses fautes, mais aussi une naissance, le passage de la mort à la vie, de l’ombre à la lumière.

Le Christ lui-même sort de l’ombre, son entrée dans la pièce n’a rien d’éblouissante ; de même que la lumière qui accompagne son appel, si elle vient toucher tous les personnages, ne trouble pas l’intérêt que le jeune et le vieillard (sur la gauche) mettent à compter leur argent. Les visages des différents personnages expriment une certaine distance vis-à-vis de la scène : ont-ils de l’indifférence ? De la surprise ? De la défiance ?

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 Matthieu a gardé une main posée sur ses pièces, mais avec l’autre il hésite à se désigner. Cette réponse au dialogue ouvert par le Christ nous fait douter que ce personnage soit bien celui de Matthieu. Il ne s’est pas encore levé, son expression est étonnée : toute la scène est dans l’instant où la grâce passe. Et le Christ attend la réponse de Matthieu qui va devoir laisser son argent pour suivre ces hommes dont les pieds nus expriment la pauvreté. Saint Pierre est situé entre le spectateur et le Christ. Il est celui sur qui le Christ a bâti son Église, médiatrice entre Dieu et les hommes. C’est ainsi l’Église qui répète à son tour le geste du Christ invitant à le suivre.

En images

Matthieu l’évangéliste

Le martyre de Matthieu

Ils en parlent

Le Pape Benoît XVI
Le pape Benoît XVI, en parlant de la vocation de Matthieu, disait le 30 août 2006 lors de l’audience générale : « Pour imaginer la scène décrite dans Mt 9,9, il suffit de rappeler le magnifique tableau du Caravage conservé ici, à Rome, dans l’église Saint Louis des Français ». En savoir plus sur la catéchèse du Pape.
Dominique Ponnau
Vous pouvez également consulter une méditation de Dominique Ponnau, historien de l’art et directeur honoraire de l’Ecole du Louvre, sur la vie et l’oeuvre du Caravage.  
Reportage sur Saint-Louis-des-Français
Vous pouvez regarder ce reportage fait au moment de l’inauguration de la façade rénovée de Saint-Louis-des-Français. C’est l’occasion de voir de belles images de l’intérieur de l’église.
Un débat sur saint Matthieu dans le célèbre tableau
Consultez aussi un débat récent consacré à l’identité des personnages figurés sur la Vocation de saint Matthieu.
Le Pape François
Lors de l’interview donnée au Père Spadaro, le Pape François dit: Ma question est prête, mais je décide de ne pas suivre le schéma que je m’étais fixé, et lui demande à brûle pourpoint : « Qui est Jorge Mario Bergoglio ? » Le pape me fixe en silence. Je lui demande si c’est une question que je suis en droit de lui poser… Il acquiesce et me dit: « Je ne sais pas quelle est la définition la plus juste… Je suis un pécheur. C’est la définition la plus juste… Ce n’est pas une manière de parler, un genre littéraire. Je suis un pécheur. » Le pape continue de réfléchir, absorbé, comme s’il ne s’attendait pas à cette question, comme s’il était contraint à une réflexion plus approfondie. « Si, je peux peut-être dire que je suis un peu rusé (un po’ furbo), que je sais manœuvrer (muoversi), mais il est vrai que je suis aussi un peu ingénu. Oui, mais la meilleure synthèse, celle qui est la plus intérieure et que je ressens comme étant la plus vraie est bien celle-ci: Je suis un pécheur sur lequel le Seigneur a posé son regard. » Il poursuit : « Je suis un homme qui est regardé par le Seigneur. Ma devise, Miserando atque eligendo, je l’ai toujours ressentie comme profondément vraie pour moi. Le gérondif latin miserando me semble intraduisible tant en italien qu’en espagnol. Il me plaît de le traduire avec un autre gérondif qui n’existe pas: misericordiando (en faisant miséricorde). » Le pape François continue sa réflexion et me dit, faisant un saut dont je ne comprends pas le sens sur le moment : « Je ne connais pas Rome. Je connais peu de choses. Parmi celles-ci Sainte Marie Majeure: j’y allais toujours. » Je ris: « Nous l’avions tous très bien compris, Saint Père! » « Voilà, oui, poursuit le pape, je connais Sainte Marie Majeure, Saint Pierre… mais, venant à Rome j’ai toujours habité rue de la Scrofa. De là, je visitais souvent l’Église de Saint Louis des Français, et j’allais contempler le tableau de la vocation de Saint Matthieu du Caravage. » Je commence à comprendre ce que le pape veut me dire. « Ce doigt de Jésus… vers Matthieu. C’est comme cela que je suis, moi. C’est ainsi que je me sens, comme Matthieu ». Soudain, le pape semble avoir trouvé l’image de lui-même qu’il recherchait : « C’est le geste de Matthieu qui me frappe : il attrape son argent comme pour dire : “Non, pas moi ! Non, ces sous m’appartiennent!” Voilà, c’est cela que je suis: un pécheur sur lequel le Seigneur a posé les yeux. C’est ce que j’ai dit quand on m’a demandé si j’acceptais mon élection au Pontificat. » Il murmure alors : « Peccator sum, sed super misericordia et infinita patientia Domini nostri Jesu Christi confisus et in spiritu penitentiae accepto (je suis pécheur, mais, par la miséricorde et l’infinie patience de Notre Seigneur Jésus Christ, je suis confiant et j’accepte en esprit de pénitence). » Retrouvez l’interview dans son intégralité Ici.
 
New York Times du 30 septembre 2020
Teju Cole a publié un article développé (audio disponible) sur le Caravage dans The New York Times Magazine du 23 septembre. L'auteur lie la vie de Caravage, le contexte de la réalisation des œuvres, et sa propre expérience des lieux où le Caravage a opéré, comme Naples. Teju Cole has published an article (audio available) on Caravage in The New York Times Magazine of 23rd september. The author reflect on Caravage's life, the context of the realisation of the works and its own experience of teh places - like Naples - where Caravage has worked.  

Espace presse et cinématographie

Vous désirez prendre des clichés ou tourner un film autour des Caravage, consultez notre foire aux questions disponible sur cette page.

Toute demande de droit de reproduction ou d’image dans les églises françaises à Rome (Saint-Louis-des-Français, La Trinité-des-Monts, Saint-Nicolas des Lorrains, Saint-Yves des Bretons et Saint-Claude de Bourguignons) doit être adressée au propriétaire des œuvres, à savoir les Pieux Établissements de la France à Rome et à Lorette, joignables par courriel.

La Vocation de saint Matthieu de Caravage recèle beaucoup de mystères profonds. Dans cette video, le P. Jean Paul Hernandez, sj raconte ce qu’il a découvert dans ce chef-d’œuvre.
Une émission de Pierres Vivantes / Living Stones; http://www.pietre-vive.org/; Réalisé par Walter Breitenmoser, Communio Communication; http://comm-comm.ch/

L’émission « Sempre verde » animée par Daniela Sardella nous emmène en compagnie de Antonio Rocca sur les pas du Caravage à Rome. Avec l’aimable autorisation de la production, nous reproduisons ici la partie filmée à Saint Louis des Français, dans la chapelle Contarelli.

L’émission en son entier se trouve sur ce lien [au 17/12/20] https://www.mediasetplay.mediaset.it/video/sempreverde/la-roma-del-caravaggio_F310661801010C10

Produit par le Service de la Culture et de l’Université du Vicariat de Rome, par Andrea Lonardo auteur et narrateur. Réalisé par inArte Virtual Syndrome.

Pour la première fois dévoilée à 360°, l’histoire de la chapelle Contarelli et le processus créatif du cycle sur Saint-Matthieu commencé par le Cavalier d’Arpin et mis à son terme par Merisi avec le chef-d’œuvre de Saint Matthieu et l’Ange, après le rejet de la sculpture de Cobaert. Pour une analyse plus approfondie, voir Les histoires de saint Matthieu dans la chapelle Contarelli, par Andrea Lonardo, au lien http://www.gliscritti.it/blog/entry/3557.

D’autres vidéos sur le Caravage par le Service de la Culture et de l’Université du Vicariat de Rome sont à regarder sur Liste de lecture « Caravaggio ».