Saint Louis des Français

Rome, 20 novembre 2022

Mgr Gallagher - solennité du Christ-Roi - Saint-Louis-des-Français

Frères et sœurs,

Je suis très heureux de pouvoir célébrer cette messe dominicale avec vous tous! La Solennité du Christ Roi de l’univers est d’autant plus significative pour moi qu’étant originaire de Liverpool, c’est aujourd’hui aussi la fête de la dédicace de la cathédrale de ce diocèse.

La fête du Christ Roi a été instituée par Pie XI, à l’occasion de la clôture de l’Année Sainte de 1925, dans un contexte d’après-guerre et aussi de perte des valeurs morales. Dans notre monde assoiffé de justice et de paix, cette célébration nous est comme un rappel de la souveraineté du Christ sur l’humanité toute entière.Elle couronne le cycle liturgique, tout en faisant merveilleusement le lien avec le début du temps de l’Avent, durant lequel les textes insistent sur l’annonce de la venue du Christ en gloire. En retraçant l’histoire du Salut et les mystères de la vie du Christ, le calendrier liturgique exalte les relations de Dieu avec l’humanité. Il récapitule en effet toute l’histoire de la manifestation de l’amour de Dieu pour les hommes et les femmes de ce monde, à travers l’Incarnation de son Fils, depuis l’Annonciation, la Nativité, la vie cachée de Jésus à Nazareth, puis sa vie publique qui culmine avec sa Passion, sa Résurrection et son Ascension dans le Ciel. Ce dessein salvifique de Dieu embrasse toute l’humanité.Nous ne sommes donc pas étrangers à cette réalité des mystères de la vie du Christ.

Aujourd’hui, l’Église nous invite ainsi à contempler le rayonnement du Christ dans la gloire du Ciel. Le Christ Roi est celui qui s’est donné par amour pour l’humanité et qui règne aujourd’hui par son triomphe sur le mal. Il nous associe aujourd’hui à son triomphe, qui est le triomphe de l’amour et que nous contemplerons un jour dans un bonheur éternel.

Comment mieux initier notre contemplation aujourd’hui, si ce n’est en méditant sur les textes que la liturgie nous offre. Nous y trouvons la figure de David, le plus grand roi d’Israël de l’Ancien Testament. Dès le début, David s’est révélé être un roi comme aucun autre. N’oublions pas qu’à l’époque, les gens en Israël savaient ce qu’est un roi et comment il doit se comporter. David a été choisi par les membres de son peuple parce qu’il a été victorieux dans de nombreuses batailles ; il les a protégés, et se montrera aussi capable de les unir. David était destiné, certes, à être le chef d’Israël, mais selon le discours des tribus d’Israël qui nous a été lu, dans le Second livre de Samuel, il devait être, avant tout, « le berger d’Israël ». A l’évidence, il y a ici une préfiguration de la figure du Christ qui se comparera lui-même à un berger. David sera un grand roi et un sage. Mais il va aussi pécher et aura besoin d’implorer le pardon. Et son peuple aura aussi à porter le poids de ses fautes.

A l’époque du Christ Jésus, le petit royaume d’Israël était menacé par ses voisins et attendait un roi, qui instaurerait la paix. On attendait un roi humain, mais dans certains courants du judaïsme on espérait même un Messie, choisi par Dieu. Les disciples de Jésus sont ceux qui ont reconnu ce roi en la personne de Jésus. Ils le reconnurent presque immédiatement comme un successeur potentiel de David.Mais Jésus n’était pas appelé à exercer sa royauté comme certains l’imaginaient.

Il n’était pas même intéressé à chercher à vaincre des ennemis ou à protéger des intérêts particuliers. De plus, il ne souhaitait pas que les membres de son peuple se soumettent devant lui comme devant un monarque temporel. Au contraire, il a lavé les pieds de ses disciples; et il fût même crucifié comme un malfaiteur.

Cette royauté du Christ estdonc bien plus qu’une royauté temporelle. En réalité, le Christ est roi car il accomplira la volonté de son Père.Il l’accomplira pour tous, et pas seulement pour quelques-uns.Comme le dit l’Apôtre: « que tout, par le Christ, lui soit enfin réconcilié, faisant la paix par le sang de sa Croix ». Par sa vie donnée, par sa Passion et sa Résurrection, le Christ ouvre lavoie du salut pour tout le peuple et celle de sa réconciliation avec Dieu.Cette royauté est donc une royauté divine, éternelle, qui se révèle pleinement dans la gloire.

C’est cette royauté qui nous est aussi donnée en partage. Saint Paul rend grâce en ce sens, lorsqu’il écrit aux Colossiens: « Frères rendez grâce à Dieu le Père, qui vous a rendus capables d’avoir part à l’héritage des saints, dans la lumière ». Mais nous pouvons nous demander: sommes-nous dignes d’être sauvés? Sommes-nous dignes d’entrer aussi dans la gloire? Il semble parfois si facile de dire que nous serons tous sauvés. Et pourtant, nous le redirons encore avec les mots de la consécration: « De même, à la fin du repas,il prit la coupe; de nouveau il rendit grâce, et la donna à ses disciples, en disant: « Prenez, et buvez-en tous, car ceci est la coupe de mon sang, le sang de l´Alliance nouvelle et éternelle, qui sera versé pour vous et pour la multitude en rémission des péchés ». Ainsi, nous ne devons jamais oublier que la rémission des péchés est inséparable du sacrifice du Christ.

Dans son sacrifice, le Christ nous rejoint chacun, là où nous sommes, comme il a rejoint le bon larron.En effet, c’est alors que Jésus était en train de faire l’acte même de son offrande de sacrifice sur la Croix, qu’il sauvera le bon larron. Essayons d’imaginer un peu ce que cet homme a expérimenté en ce vendredi saint: il est un criminel condamné, il n’a plus que quelques heures d’agonie à vivre, avant de mourir. Il rencontre Jésus, son compagnon sur le Calvaire, et reconnaît sa bonté: « Mais lui, dit-il, il n’a rien fait de mal », ce qui pour l’Evangéliste est aussi une manière de dire qu’il n’a fait que du bien. Le bon larron entend ensuite ces mots: « Amen, je te le dis : aujourd’hui, avec moi, tu seras dans le Paradis ». Quelle paix a dû alors envahir ce corps et cette âme torturés!La Rédemption se vit dans un cheminement personnel et nous avançons sur ce chemin de foi, à chaque fois que nous célébrons l’Eucharistie et que nous la vivons comme un moment profondément personnel.

Frères et sœurs, notre Roi, ce roi d’amour rayonnant de gloire et de majesté, a lutté pour nous. Il a lutté et s’est offert lui-même, pour vous, pour moi personnellement, comme la parfaite expression de l’amour sauveur du Père.Il s’est aussi offert pour l’Eglise. De fait, c’est alors que Jésus était en Croix que l’Eglise fut engendrée et c’est encore par son sacrifice rédempteur qu’elle continue d’être engendrée à la vie divine.

Le Christ aujourd’hui continue de nous guider comme un Roi-Berger et comme un compagnon de route.N’ayons pas peur de le suivre et de mettre toute notre espérance en lui. Lui-même veut nous associer à son œuvre de rédemption pour le monde et pour l’humanité toute entière, pour tous ceux pour qui il a versé son sang. Allons donc au Christ, lui qui est roi dans l’amour, lui qui est la seule réalité vraiment digne de nos aspirations; et demandons lui d’établir son règne en nous. Demandons-lui ce développement de l’amour surnaturel dans tout notre être et dans toute notre activité, afin que resplendisse sa lumière, et que s’établisse dès ici-bas son règne d’amour et de paix.

Ainsi soit-il.

Mgr P. R. GALLAGHER

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