Retransmission de la célébration

Mot d’accueil

Dimanche 26 septembre, église Saint Louis des Français, Mgr Breguet.

Frères et Sœurs,
Nous sommes réunis ce matin dans le vivant souvenir de Daniel Matrone rappelé à Dieu le 11 septembre dernier, pour qui cette messe dominicale est célébrée, lui qui a occupé une place insigne dans notre communauté pendant les vingt deux ans où il fût l’organiste titulaire des orgues de Saint Louis, de septembre 1999 à ce tout dernier mois de juillet 2021.
Nous sommes émus et bouleversés par son décès. Bien des témoignages me sont parvenus de personnes qui ont croisé son chemin et qui regrettent de ne pouvoir être des nôtres aujourd’hui et qui s’unissent par la prière à la communauté de Saint Louis pour le repos de son âme et pour lui rendre un dernier hommage.
Nombreux sont les musiciens professionnels avec qui il a travaillé et qui se sont rendus libres pour être avec nous ce matin. Je les salue avec cordiale amitié et admiration en leur demandant, en fidélité à la mémoire du Maestro Matrone, de continuer à porter au monde le message de leur art et de leur richesse intérieure, véritables et authentiques dons de Dieu.
Sachant que toute âme qui s’élève élève le monde, nous entrons dans cette célébration en invoquant de Dieu sa miséricorde sur Daniel et sur chacun de nous.

Homélie

Homélie donnée par Mgr Breguet, Dimanche 26 septembre 2021 en l’église Saint-Louis-des-Français

Madame l’Ambassadrice,
Monsieur le Ministre Conseiller,
Chers Frères et Sœurs,
Le 13 juin dernier, au nom du Pape François, le Très Révérend Père Bernard ARDURA, Président du Comité des Sciences Historiques du Saint Siège, remettait à Daniel MATRONE les insignes de Commandeur de l’Ordre de Saint Grégoire le Grand, la plus haute distinction réservée à un fils de l’Eglise.

M’adressant au récipiendaire, je lui disais dans mon discours, sans pouvoir me douter de ce qui allait arriver, combien nous étions heureux de voir la « juste récompense » dont il était honoré au terme de prés d’un demi siècle de vie consacrée à la célébration de la grandeur de Dieu au service de la beauté liturgique comme organiste, dont vingt deux années comme titulaire des orgues de Saint Louis.
Le Seigneur l’a rappelé à Lui après une brève et pénible maladie. Nous ne le verrons plus de nos yeux de chair, nous n’entendrons plus notre orgue frémir sous ses doigts d’artiste, lui qui fût formé notamment par Marie-Claire ALAIN, pour qui il avait un profond respect, et envers qui il nourrissait une immense gratitude.

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Elle, « la grande dame de l’orgue », lui avait permis au prix d’un travail acharné de parvenir à exécuter des pièces de la plus grande difficulté. Je pense à ses enregistrements de Reger ou de Litz, et à ses improvisations remarquables et à tant de pièces qui restent encore à découvrir.
Daniel nous manquera beaucoup, parce qu’Il avait su s’attirer naturellement l’estime de tous, non seulement par sa parfaite collaboration avec les recteurs successifs de la Trinité des Monts et de Saint Louis des Français, mais aussi par sa disponibilité à mettre ses compétences et son talent au service des célébrations liturgiques dans cette église.
Nous venons d’entendre le Christ nous dire dans l’Evangile : « Celui qui fait un miracle en mon nom ne peut pas, aussitôt après, mal parler de moi ». (Marc 9, 39)
Ce miracle, Daniel l’a accompli à sa façon, dimanche après dimanche, avec une fidélité exemplaire, sachant, par son jeu dilater nos cœurs et élever nos âmes.
Les vingt deux années à l’orgue de Saint Louis représentent environ un millier de messes dominicales, sans compter les offices de la semaine et les différentes activités qui, comme les Semaines de l’Orgue organisées à son initiative, ont permis à Daniel de nous faire entendre son instrument favori, « le Pape des instruments », selon la formule imagée d’Hector BERLIOZ.

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Formule que n’aurait pas reniée Charles GOUNOD, l’un des grands prédécesseurs de Daniel à la tribune de Saint Louis. Et je ne parle pas de tout ce qu’il a apporté aux paroissiens de Saint Jean de Luz, de Saint Michel et de Notre Dame de Bordeaux.
Par son amour de la beauté et sa très grande culture, Daniel a toujours gardé une âme largement ouverte, toujours en recherche, ce qui lui a permis de saisir, d’appréhender, au-delà des concepts et des mots, la présence du sacré, et de nous transmettre son expérience intérieure de la transcendance à travers ses compositions musicales.
C’est ainsi qu’en cette année de Saint Joseph voulue par le Pape François, il avait composé à ma demande, une ode qu’il joua lors de l’offertoire de la messe du 19 mars dernier, fête de Saint Joseph.
Frères et Sœurs,
Les textes de la liturgie de la Parole de ce dimanche nous enseignent que dans notre fidélité à vouloir suivre le Christ, nous connaissons tous des hauts et des bas, ce qu’ont expérimenté avant nous les saints et qu’ils appellent « le combat spirituel ».
Sans nous décourager, nous pouvons nous servir de nos chutes pour prier davantage en nous souvenant du mot admirable de Paul Claudel : « Le saint prie avec son Espérance et le pécheur avec son péché ».
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C’est en nous mettant résolument à l’école du Christ « doux et humble de cœur » (Mt 11, 28-30) que nous faisons l’expérience que l’amour commence les grands ouvrages, que la miséricorde les achève, mieux que la miséricorde les recommence, parce que la miséricorde rajeunit l’amour.
La voie que Jésus indique à ceux et celles qui veulent être ses disciples est d’abord celle d’une vie réussie, malgré les épreuves et les échecs. L’Eucharistie que nous célébrons nous rappelle que l’échec de la Croix vécu par le Christ a été suivi de la lumière éclatante de Pâques !


Frères et Sœurs,
Pécheur comme chacun de nous, nous confions Daniel au Père de toute miséricorde. Notre Dieu n’est pas un juge comme les autres, Il est d’abord un Père qui voit, qui sait et qui comprend. Il connaît le cœur de ses enfants, et Il juge en toute justice selon la miséricorde et la vérité.
Que dans son éternité bienheureuse, il entende à jamais le chant des anges, ces anges dont plusieurs de ses pièces d’orgue ont cherché avec bonheur à faire pressentir la présence.
Durant cette messe célébrée pour le repos de son âme, demandons cette grâce de l’humilité qui faisait le charme de notre cher Maestro, – humble et musicien de génie, – serviteur du Dieu Tout-Puissant, dont il nous a si souvent suggéré l’infinie grandeur, l’infinie douceur et l’infinie bonté.

Amen.

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