Dimanche dernier, cinquante enfants faisaient dans cette église leur première communion.
Ils l’ont faite après une longue et sérieuse préparation, avec leurs catéchistes, accompagné par le Père Sébastien et leurs parents, qui leur ont fait découvrir de leur mieux l’importance et la beauté de l’Eucharistie pour la fécondité de leur vie chrétienne.
La fête du Saint Sacrement que nous célébrons aujourd’hui, fête du « Corps et du Sang du Christ » est là pour nous aider à mieux saisir, à approfondir ce que le Christ a voulu accomplir par amour pour nous.
Frères et Sœurs,
Tout à l’heure en venant communier, vous allez recevoir la présence réelle du Christ Jésus en vous.
Qu’il est grand le mystère de la Foi ! Confessons-nous à chaque messe. L’hostie, ce petit morceau de pain sans levain devenu le Corps du Christ permet au Seigneur de faire sa demeure en nous.
Il n’est pas possible de détacher l’Eucharistie de la Résurrection du Christ à Pâques et du don de son Esprit à la Pentecôte.
Lorsque nous nous demandons comment le pain et le vin deviennent le Corps et le Sang du Christ pendant la consécration, la réponse se trouve dans la prière que le prêtre adresse au Père : « Sanctifie ces offrandes en répandant sur elles ton Esprit. » « Humblement, nous te demandons qu’en ayant part au Corps et au Sang du Christ, nous soyons rassemblés par l’Esprit Saint en un seul corps. »
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Dans le passage de la lettre aux Hébreux que nous lisons aujourd’hui, il est dit que « poussé par l’Esprit éternel, Jésus s’est offert Lui-même à Dieu, comme une victime sans défaut ; son sang purifiera donc notre conscience des actes qui mènent à la mort, pour que nous puissions rendre un culte au Dieu vivant ».
Ce culte spirituel, c’est l’offrande du Christ à son Père, avec Lui et en Lui, de tout ce que nous vivons, de tout ce que nous avons, de tout ce que nous sommes.
Quand on a découvert cela, on comprend mieux combien la participation à la Messe est importante pour notre croissance spirituelle. L’Eucharistie donne son plein achèvement et sa pleine valeur à nos activités, à nos réussites, comme à nos échecs, à nos peines et à nos espérances, ainsi qu’aux événements de ce monde, y compris les plus tragiques et les plus inquiétants comme la pandémie que nous subissons depuis plus d’un an.
Pour qui a la Foi, « tout est grâce » disait Sainte Thérèse de Lisieux. Rien en effet n’est jamais perdu, ni absurde, tout peut être éclairé, guéri, sauvé par la communion au Christ Mort et Ressuscité et donc, par chaque Messe à laquelle nous participons.
Mais la Messe comporte aussi une autre dimension : elle n’est pas seulement le mémorial d’un événement passé qui donne sens et valeur à notre vie présente.
Elle est aussi pour chacun d’entre nous, l’annonce mystérieuse et l’inébranlable certitude que la mort, la nôtre et celle des autres, n’est pas un terme, mais un passage vers la Vie Eternelle.
C’est d’ailleurs ce que nous fait dire la liturgie, dans le verset de l’Alléluia de l’Evangile de cette fête : « Moi, je suis le pain vivant, qui est descendu du ciel, dit le Seigneur : si quelqu’un mange de ce pain, il vivra éternellement. » (Jn 6, 51)
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« Mange ce pain … Bois à cette coupe … c’est à dire : participe au repas eucharistique ! Mais aussi donne ta vie à moudre avec la mienne, offre la au pressoir du don de soi … nous dit Jésus.
A chaque messe, le Christ accomplit le mémorial de sa Mort et de sa Résurrection, ce repas de la Pâque, cette Cène qu’Il a présidée la veille de sa Passion et qu’Il nous demande de célébrer et d’actualiser jour après jour jusqu’à l’avènement du Royaume.
Frères et Sœurs,
Une table, du pain et du vin, rien de plus banal parce que rien de plus quotidien. Souvent nous voyons dans les Evangiles le Christ à table, goûtant les joies de l’amitié autour d’un repas.
Cela signifie que dans l’Eucharistie, le Christ se fait proche de nos soucis de chaque jour, de nos joies, de nos peines et des événements du monde, dans la continuité de cette longue histoire d’amour de Dieu pour son peuple que nous révèle la Bible.
Le Christ est mort par amour, et Il est vivant par la force de cet amour, et Il nous le fait comprendre par la simplicité de ce geste merveilleux d’humanité : un peu de pain et de vin vont suffire à faire vivre Dieu en nous !
L’Evangile des disciples d’Emmaüs précise « qu’ils Le reconnurent à la fraction du pain ». Avant de mourir, Jésus avait déclaré simplement : « Ceci est mon corps livré pour vous. Ceci est la coupe de mon sang qui sera versé pour vous et pour la multitude en rémission des péchés. » Une fois Ressuscité, parce qu’Il est Vivant, le Christ lie sa présence au signe du pain et du vin. L’Eucharistie, est la source et le sommet de la vie chrétienne, (Vatican II) où les hommes reconnaissent Dieu comme leur Père, et où ils deviennent enfin capables de se reconnaître comme frères.
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Le Christ devient par sa présence eucharistique source de la loi d’amour évangélique entre les hommes.
En ce sens, réduire l’Eucharistie à un simple rassemblement fraternel est dérisoire : comme si, il suffisait de rassembler les hommes autour d’une table pour qu’ils deviennent vraiment fraternels !
Célébrer l’Eucharistie c’est se mettre à l’école du « Christ doux et humble de cœur » et ça change la qualité de nos relations avec autrui, parce que la communion au Corps et au Sang du Christ éduque en nous l’amour du prochain qui commence par le respect de l’autre, et s’oppose à l’écrasement de l’autre.
Dans notre société de plus en plus violente il y a bien des manières de tuer ou d’être tué selon que l’on est plus fort, ou plus faible. Parmi les actes qui mènent à la mort : laisser tomber un ami par exemple, c’est déjà une manière de le tuer. Tout ce qui détruit l’amour conduit à la mort. N’oublions pas que le Sang du Christ a été versé parce qu’il a d’abord été trahi par un ami.
Frères et Sœurs,
Heureux sommes-nous d’être dans cette magnifique église rassemblés pour cette messe où le Christ s’offre à son Père et se donne à nous en nourriture.
Par notre communion sacramentelle, le Christ nous fait la grâce de nous rejoindre, de nous transformer, et de nous sanctifier parce qu’Il nous aime.
Saint Augustin, résumant tout ce qu’est l’Eucharistie pour les chrétiens, disait : « Reçois ce que tu es, deviens ce que tu reçois.»
Qu’il en soit ainsi pour nous tous et pour chacun en particulier. AMEN