(Saint-Louis-des-Français, 11 décembre 2022)
Chers Frères et Sœurs dans le Christ,

Saint-Louis des Français
C’est joli que nous tous dédions cette heure du notre temps, aujourd’hui, au Seigneur, à Dieu, à l’écoute, à la réflexion de la Parole de Dieu et à la prière. Bien que dans les dimanches nous avons beaucoup de choses à faire, procrastinées pendant la semaine, c’est bien que nous réservons ce moment à l’Eucharistie, comme expression de notre foi vive au mystère de l’amour que le Seigner nous a laissé le jour qui il a conclu sa vie. C’est bon avoir du temps pour notre esprit.
Être ici, pourtant c’est beau et noble. Signifie que nous prenons à cœur notre vie intérieure, que nous réservons une heure du temps pour nous même, pour nous retrouver aussi comme famille de Dieu; ceci n’est pas secondaire dans notre considération de la foi.
L’Avent est un temps de prière en particulier intérieure, outre que liturgique ; une
prière du cœur et de préparation à la rencontre avec le Christ à Noël.
Nous le savons, la prière a toujours fait partie de la vie et du style de vie du Seigneur. Les Disciples étaient fascinés de le voir prier et ils lui ont demandé comment prier. Et Jésus ne s’est pas contenté de l’enseigner, mais il a laissé à l’Eglise la tâche de prier pour que, dans le temps également, la prière ne fasse pas défaut.
En ce temps liturgique, l’Eglise s’adresse ainsi au Christ: «Viens, Seigneur Jésus !»;
«Seigneur, montre-moi ton visage !»; «Viens nous sauver, Seigneur !»; «Mon Dieu, fais que j’ai confiance en Toi !». Toute la liturgie de l’Avent est imprégnée de ces invocations, de ces prières. Ainsi, la liturgie nous secoue de notre torpeur et nourrit notre désir de Dieu et la lampe de notre désir de le rencontrer.
En ce Troisième dimanche de l’Avent, le prophète Isaïe nous encourage et nous demande de nous réjouir, d’exulter en pensant au Seigneur ; même si notre vie est comme un «désert aride», ou comme une «steppe>> ; et si notre cœur s’est égaré : « Courage/-dit Isaïe- Ne craignez pas, le Seigneur vient !». Maranatha.
Dans l’Evangile, nous trouvons ensuite un épisode intéressant en relation avec Jean le Baptiste, emprisonné par Hérode pour lui avoir reproché sa liaison illicite avec la femme de son frère; Jean envoie ses disciples à la rencontre de Jésus pour lui demander: «Es-tu celui qui doit venir, ou devons-nous en attendre un autre?». Il s’agit d’une question pédagogique.
Elle n’est pas tant utile à Jean pour savoir qui est Jésus, l’ayant lui-même baptisé dans le Jourdain et reconnu comme le Christ, qu’à ses disciples, afin qu’ils aillent à sa rencontre et apprennent à reconnaître et suivre le Messie, le Christ bibliquement attendu. La pédagogie de cette question réside dans le fait qu’elle s’adresse également à l’Eglise, à nous aujourd’hui. L’Eglise a besoin du Christ, qui est son Seigneur, son époux; elle a besoin de tomber amoureuse de lui chaque jour et de le suivre; elle n’a pas besoin de s’adapter à la modernité et à des raisonnements plus ou moins convaincants pour le faire reconnaître par le monde. Elle a besoin du vrai visage du Christ; oui, de son visage.
Nous avons également besoin de le rencontrer, c’est pourquoi Jean-Baptiste semble vouloir nous envoyer nous aussi vers Jésus, comme il le fit avec ses disciples: Es-tu celui qui doit venir dans notre monde, riche de tant de choses, mais violent, qui a perdu le sens de Dieu, si pauvre en spiritualité, en charité, profondément matérialiste et sensuel, avide de sensations fortes et destructrices, égoïste ? Est-ce toi, ou devons-nous attendre quelqu’un d’autre, chercher quelque chose d’autre ?
Jésus n’a pas répondu par un beau discours, il a simplement dit les aveugles voient, les boiteux marchent, les lépreux sont guéris, l’Evangile est annoncé aux pauvres !
Charles Péguy, dans Le Mystère des Saints Innocents, a parlé d’une histoire sacrée dans laquelle Jean-Baptiste fut la dernière pierre de l’Ancien Testament et Pierre est la première du Nouveau Testament dont naît l’Eglise. L’Eglise ne se sauve que par Jésus, et les crises, la désorientation de tant d’ecclésiastiques, de religieux et de laïcs sont dues au fait d’avoir perdu la «clé de voûte», disait Péguy, mais il ajoutait également : «Ce qui m’étonne, c’est l’espérance; l’espérance est la vertu théologale qui a le visage du Christ».
Jean-Baptiste, qui est aujourd’hui notre catéchiste, nous indique le Christ, nous invite à chercher son visage et il l’indique à une Eglise fragilisée par les péchés de ses enfants, mais qu’il n’aime pas moins pour autant. C’est Lui, le Christ, nous rappelle ce temps de l’Avent, c’est lui que nous voulons chercher et suivre !
Card. Fernando FILONI