
La fête du Christ Roi, devenue avec la réforme liturgique de 1969, fête du Christ Roi de l’Univers, fut instituée par le Pape Pie XI en 1925.
Frères et Sœurs,
Dimanche prochain nous allons entrer dans une nouvelle année liturgique avec le temps de l’Avent.
Ces quatre semaines symbolisent la période qui précède l’Incarnation du Fils de Dieu dans le sein de la Vierge Marie, et elles annoncent aussi le premier avènement du Christ venant en ce monde dans l’humilité et la pauvreté de la crèche de Bethléem. Évènement prodigieux que nous allons célébrer à Noël.
Dans cette perspective, il est donc logique que le dernier dimanche de l’année liturgique célèbre la Royauté universelle de ce même Christ et Seigneur venant dans tout l’éclat de sa gloire, puisque l’année liturgique évoque et récapitule à la fois toute l’histoire du monde et toute l’histoire du Salut.
Le titre de Roi donné au Christ est loin d’une quelconque coloration politique ; déjà, durant sa vie publique, Jésus fuyait les foules qui voulaient le faire Roi, refusant ainsi le messianisme politico-religieux qui avait la faveur de certains milieux juifs. Le Christ confessera vraiment sa Royauté quand Il dira à Pilate que sa « Royauté n’est pas de ce monde. »
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Le passage de l’Evangile que nous venons d’écouter permet de mieux comprendre en quel sens le Christ est Roi. Il est un Roi d’Amour et de Miséricorde.
Le Christ a vaincu la mort, Il est Ressuscité, Il est Vivant, et donc, Il n’est pas absent du monde.
Il est proche de nous et Il révèle son visage dans l’homme blessé, meurtri, humilié à travers qui nous Le rencontrons réellement :
C’est au Christ affamé que nous donnons à manger ; c’est au Christ nu à qui nous donnons des vêtements. C’est au Christ éprouvant les morsures de la solitude que nous rendons visite dans le prisonnier ou le malade, dans l’étranger que nous L’accueillons.
Frères et Sœurs,
La Foi est le premier fruit du Règne de Dieu en nous. « Que ton règne vienne » disons-nous dans la prière du Notre Père. Il nous revient de faire advenir concrètement ce Règne parce que nous en sommes les acteurs avec le Christ qui l’a pleinement réalisé.
La Royauté du Christ se vit dans la prière.
Le Salut donné par Jésus au « bon larron » répond à une prière : « Souviens-toi de moi quand tu viendras dans ton Royaume. » Le Seigneur lui a répondu : « Je te le dis en vérité aujourd’hui tu seras avec moi dans le paradis. »
Le bon larron est le premier à entrer dans le Royaume.
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Frères et Sœurs,
L’Eglise nous fait entrer dans le mystère du Règne de Dieu parmi les hommes par la grâce de l’Esprit Saint qui œuvre en chacun de nous, en tout homme de bonne volonté, et au cœur de ce monde.
Et ce Règne toujours à construire, et toujours en devenir, chacun de nous en est responsable en tant que membre de l’Eglise.
Le Christ est venu dans le monde pour rendre témoignage à la Vérité. Le Christ est « Chemin, Vérité et Vie ».
Comme Pilate, l’homme se pose souvent cette question : « Qu’est-ce que la vérité ? »
La Vérité que le Christ nous révèle dans l’Evangile c’est que « Dieu n’a pas envoyé son Fils dans le monde pour juger le monde, mais pour que par Lui, le monde soit sauvé ». (Jn 3,17) C’est ça la vérité avec un V majuscule !
Le Roi que nous célébrons aujourd’hui est la Vérité. Vérité au sens hébraïque du terme qui exprime la fidélité sans faille de Dieu vis-à-vis des hommes qu’Il aime.
Il est ce Roi qui n’hésitera pas à offrir librement sa vie par amour et à mourir afin que nous puissions tous parvenir jusqu’à Lui, et entrer en communion avec Lui.
Le Christ Roi est Celui-là même qui donne sens à notre vie, en permettant à chacun de trouver la véritable mesure et la véritable valeur à son existence.
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Frères et Sœurs,
Le Christ Roi nous confie la mission d’être ses témoins pour que le monde croie.
Notre témoignage porte sur ce qui fait l’essentiel de notre vie, sur ce qui constitue bien souvent des « petits riens » dont la valeur ne se comprend qu’au regard de la Foi et avec l’intelligence du cœur.
Le règne du Christ s’accomplit dans une liberté qui grandit, dans un pardon qui se donne et se reçoit, dans l’ouverture aux autres qui se situe aux antipodes de l’égoïsme et du narcissisme, et dans une Espérance qui demeure tenace au milieu des épreuves.
Notre vie chrétienne, dans la mesure où elle est authentique, fait de nous des « disciples-missionnaires » dont le témoignage demeure toujours la meilleure prédication.
Pour le Pape François, « la miséricorde est le chemin qui unit Dieu et l’homme pour qu’il ouvre son cœur à l’Espérance d’être aimé pour toujours malgré les limites de notre péché. » ( Misericordiae Vultus N°2)
Si le Christ est « chemin, vérité et vie », Il est aussi « la lumière qui éclaire tout homme » en chemin, et Il est cette force qui soutient notre faiblesse et nous aide à faire de notre vie une marche vers la Lumière.
Aussi, nous faisons nôtres les paroles de Saint Pierre s’adressant à Jésus : « à qui irions-nous Seigneur tu as les paroles de la Vie éternelle ». (Jn 6,68)
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Qu’à la prière de la Bienheureuse Vierge Marie, Mère de la Sainte Espérance, le Seigneur nous accorde la grâce de la confiance.
Alors, au soir de notre vie, quand nous paraîtrons devant le Christ Roi « au jour radieux du jugement», selon la belle expression de Sainte Thérèse de l’Enfant Jésus, nous serons dans la paix parce que confiants dans la miséricorde de Dieu.
AMEN