La communauté de Saint-Louis-des-Français a célébré au cours du troisième dimanche de carême la mémoire de Saint François de Sales. 2022 est l’année du quatrième centenaire du décès de ce grand Docteur de l’Église. La célébration a été présidée par S.E. Antonino Raspanti, évêque d’Acireale en Sicile et traducteur au quotidien des lettres de saint François de Sales. Le P. Max Huot de Longchamp, modérateur de la Société de prêtres Saint Jean de la Croix et du Centre Saint Jean de la Croix (Indre), spécialiste du maître spirituel savoyard, a prononcé l’homélie aux côtés de reliques du saint. Sa prédication qui n’était pas lue, était structurée autour des points suivants.

Les trois textes de la liturgie nous plongent au cœur de l’Histoire Sainte, de l’Histoire du salut : Ancien Testament et Nouveau Testament :

1ère lecture : Exode : « Je suis descendu pour le délivrer de la main des Égyptiens. »

2ème lecture : 1 Corinthiens : « Nos pères étaient tous sous la protection de la nuée »,
 et en même temps, l’évangile vient de nous dire [en substance] : « vous qui êtes délivrés de la main des égyptiens, vous qui êtres sous la protection de la nuée, convertissez-vous. »

La conversion n’est donc pas pour être sauvé, mais parce qu’on est sauvé : la vie chrétienne est de profiter de la grâce, non pas de la mériter. La vie chrétienne est dans le bonheur de l’union au Christ, elle est histoire d’amour et non de mérite : « Si nous pouvions aimer Dieu sans mériter, ce serait bien mieux ; hélas cela ne se peut pas ! » dirait saint François de Sales[1].

Profiter de la grâce, parce qu’on a la chance d’être chrétien : c’est le refrain salésien à une époque qui se croit chrétienne, « Grâce à Dieu, il y a partout des chrétiens : en France, en Europe, en Asie, en Afrique, enfin dans tous les pays du monde, nous dit st François ; mais le malheur est qu’il y en a si peu qui fassent profession de vrais chrétiens, que c’est grande pitié. » (Sermon du 21 mars 1621).

Ce temps du carême, nous le savons bien, est pour retrouver notre foi et la grâce de notre baptême. Il y a là tout un programme ; pas besoin d’énumérer les effondrements de nos institutions, ni de nos infidélités personnelles mais je retiens la finale de l’évangile : « Maître, laisse cet arbre encore cette année, le temps que je bêche autour pour y mettre du fumier. Peut-être donnera-t-il du fruit à l’avenir. » Question que l’évangéliste laisse en suspens, et en même temps saint Luc ajoute : « À quoi bon le laisser épuiser le sol ? »

Nous sommes ici dans le rôle du vigneron. Allons-nous laisser s’épuiser le sol ? À vue humaine, mondaine, païenne, le sol de notre vieille Église de France et d’Europe est bien fatigué. La tentation est souvent de prendre les grands moyens : les révolutions sont plus simples que les conversions. « Bêcher, mettre du fumier », nous demande l’Évangile : rien de bien extraordinaire, cela ne demande que du temps et de la patience ; on préfèrerait d’autres moyens, plus spectaculaires ; on préfèrerait peut-être prendre en main la situation ; et là nous retrouvons saint François de Sales, qui aurait pu être si brillant dans un monde qu’il dominait par des dons naturels et surnaturels peu communs ; mais en ce 3e dimanche de carême, il nous invite à une sainteté plus rare, et pourtant la plus ordinaire, celle dont nous sommes tous capables : « Vous voudriez, ma sœur  – il s’adresse à une religieuse – que je vous enseignasse une voie de perfection toute faite, en sorte qu’il n’y eût qu’à la mettre sur la tête comme vous jetteriez votre voile, et que par ce moyen vous vous trouvassiez toute parfaite sans peine ; c’est-à-dire que je vous donnasse la perfection toute faite ; car ce que je dis qu’il faut faire n’est pas trouvé agréable à la nature ; ce n’est pas ce que vous voudriez. Ô certes, si cela était en mon pouvoir, je serais le plus parfait homme du monde ; car si je pouvais donner la perfection aux autres sans qu’il fallût rien faire, je vous assure que je la prendrais premièrement pour moi. Certes, nous nous trompons ; car il n’y a point de plus grand secret que de faire et travailler fidèlement en l’exercice du divin amour, si nous prétendons de nous unir au Bien-Aimé. » (Vrais entretiens spirituels, IX, de la Modestie).

Pour aller plus loin sur saint François de Sales, vous trouverez bien des publications du P. Max sur le site du Centre Saint Jean de la Croix : papier, formations audio et vidéo ! http://www.paroisseetfamille.com/index.php

[1] « Vous demandez si on ne peut pas désirer des charges basses, parce qu’elles sont pénibles, et il semble qu’il y ait là plus à faire pour Dieu et plus de mérite que de demeurer en sa cellule.

Je n’aime point cela de vouloir toujours regarder au mérite, car les Filles de Sainte Marie ne doivent faire leurs actions que pour la plus grande gloire de Dieu.Si nous pouvions servir Dieu sans mériter, ce qui ne se peut, nous devrions désirer de le faire.

Ce n’est pas par la grandeur de nos actions que nous plaisons à Dieu, mais par l’amour avec lequel nous les faisons ; car une sœur qui sera en sa cellule, ne faisant qu’un petit ouvrage, méritera plus qu’une autre qui aura bien de la peine, si elle le fait avec moins d’amour. C’est l’amour qui donne la perfection et le prix à nos œuvres.

Je vous dis bien plus : voilà une personne qui souffre le martyre pour Dieu avec une once d’amour, elle mérite beaucoup, car on ne saurait donner davantage que sa vie ; mais une autre personne qui ne souffrira qu’une chiquenaude avec deux onces d’amour aura beaucoup plus de mérite, parce que c’est la charité et l’amour qui donne le prix à tout. »

(Vrais entretiens spirituels, Appendice IF, cité dans Saint François de Sales,Anthologie spirituelle. Présentation et notes par Max Huot de Longchamp, Paroisse et Famille-Centre Saint Jean de la Croix, mars 2004, p. 71)

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