Homélie du 32e Dimanche du temps ordinaire, donnée par l’abbé Gabriel Dabezies en l’église Saint-Louis-des-Français, le 7 novembre 2021.

Jésus appelle aujourd’hui notre attention sur le geste de cette pauvre veuve qui a mis dans le Trésor plus que tous les autres. Elle a pris sur son indigence, elle a mis tout ce qu’elle possédait, tout ce qu’elle avait pour vivre. Saint Augustin déclare que « personne n’a autant donné que celle qui ne s’est rien réservé. »

Que peut bien signifier ce geste ? Pourquoi donner ces deux pièces de monnaie ? C’est au Trésor du Temple qu’elle a donné, ce don est fait pour le Seigneur. C’est un acte de culte. Cette pauvre femme reconnaît ce qu’elle doit à Dieu, c’est-à-dire tout. On pourrait distinguer les raisons profondes et intérieures qui ont poussé son cœur à cette offrande matérielle. Il y a sans doute la reconnaissance pour le don de la vie, la mémoire et l’action de grâces pour tout ce qu’elle a vécu ; la prière d’intercession, peut-être, pour son mari défunt, dans l’espérance de la vie éternelle et du salut annoncé par les prophètes. Et avec tout cela, la foi inébranlable en la Providence de Dieu et la conscience que, créée par Dieu, elle est appelée à le retrouver dans l’éternité, dans une condition qui dépasse infiniment sa misère actuelle.

Nous pouvons admirer le geste de cette femme et en même temps nous justifier de ne pas faire comme elle : nous ne donnons pas autant, puisque nous ne donnons pas tout ce que nous avons. Notez, d’ailleurs, que Jésus ne nous dit pas que nous avons à faire comme elle. Nous pouvons, donc, nous justifier, en pensant qu’il est plus facile de tout donner quand on ne possède quasiment rien.

Peut-être. Mais on peut avoir très peu et être d’autant plus attaché et avare de ses biens. Ce que fait cette pauvre veuve est exceptionnel : elle donne, et elle donne tout ce qu’elle a. Cette attitude va à l’encontre de ce que nous voyons sur cette terre. Naturellement nous aimons prendre plutôt que donner. Et parfois, comme dans les situations de famine, il en va de notre survie. Or ici non seulement cette femme donne, mais elle donne tout. Jésus nous la montre en exemple d’une attitude purement surnaturelle, c’est-à-dire au-dessus de ce qui est possible par nos propres forces. Comment est-ce possible ? Cela vient de Dieu, et de Dieu seul.

À l’origine du don de cette femme, à l’origine de tout acte surnaturel que nous faisons, nous retrouvons un premier don, un don proprement divin. Saint Paul nous dit que « Dieu n’a pas épargné son propre Fils, mais il l’a livré pour nous tous : comment pourrait-il, avec lui, ne pas nous donner tout ? » Dieu le Père nous a donné ce qu’il avait de plus cher, son Fils, son Unique, et en lui il nous a tout donné. Saint Paul nous dit encore que nous connaissons la générosité de notre Seigneur Jésus-Christ qui, pour nous, de riche qu’il était, s’est fait pauvre, pour nous enrichir de sa pauvreté. Jésus s’est fait homme et a embrassé la pauvreté temporelle pour nous communiquer les richesses spirituelles. Tous, nous avons part à sa plénitude, nous avons reçu grâce après grâce. Si cette pauvre veuve a donné tout ce qu’elle avait, elle est le signe de l’homme Jésus qui était riche de l’amour de son Père et qui nous a aimés jusqu’au bout, en donnant sa vie pour nous communiquer cet amour.

Ultimement, Jésus s’est offert sur la Croix pour enlever les péchés de la multitude. Son unique sacrifice est la source de toutes les grâces que Dieu nous donne, notamment lorsque, chaque jour, les prêtres célèbrent la messe pour les vivants et pour les défunts du Purgatoire. C’est ce don qui nous permet d’offrir et de nous offrir nous-mêmes à Dieu. Dans l’eucharistie, nous rendons grâces pour tout ce que Dieu nous donne, avec Jésus nous nous offrons au Père, dans la force de l’Esprit. Les bien pauvres offrandes que nous pouvons faire de nous-mêmes sont jointes à l’offrande de Jésus, et acquièrent aux yeux du Père une valeur infinie.

Demandons aujourd’hui que notre participation à l’eucharistie porte du fruit dans nos vies et nous aide à nous offrir chaque jour un peu plus à Dieu, maintenant et pour les siècles des siècles. Amen.

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