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7 février 2021 – 4ème Dimanche du temps ordinaire, année B, saint Marc
Le Seigneur guérit les cœurs brisés et soigne leurs blessures.
Frères et Sœurs dans le Christ,
En ces temps de pandémie, comment en pas faire nôtre la plainte de Job, non seulement pour nous, mais aussi pour tous ceux et celles qui traversent des moments d’inquiétude devant des lendemains incertains, devant l’inconnu de la crise sociale et économique, devant la recrudescence des conflits sinon des violences à l’intérieur des familles ? Job fait l’expérience dans sa chair de l’absurde, mais ne s’y résigne pas et nous non plus ! Nous avons la certitude, partagé avec le psalmiste, que « Le Seigneur reconstruit Jérusalem, il réunit les enfants dispersés d’Israël. Le Seigneur guérit les cœurs brisés et soigne leurs blessures. Grand est le Seigneur, le tout-puissant, sa sagesse ne connaît pas de limites ».
L’Évangile d’aujourd’hui conclut ce que les exégètes appellent un jour « typique » du Christ, et il est surprenant que ce soit précisément le sabbat, un jour de repos observé par Dieu selon le livre de la Genèse, jour marqué pour les juifs par une série impressionnante de 1521 travaux interdits durant le sabbat. Et en ce jour « typique » du Christ, un mot comme « démon » est répété plusieurs fois par l’évangéliste saint Marc, pour mettre en évidence le plan par lequel le Christ commence sa mission.
Contre toutes les peurs accumulées au fil des siècles, Jésus va directement visiter une femme malade, la belle-mère de saint Pierre, la touche, la prend par la main et l’aide à se relever. « Relever » est le terme utilisé pour évoquer la résurrection de la fille de Jaïre. On le retrouve aussi dans les lettres de Paul pour qualifier la résurrection du Christ. Nous sommes le jour du sabbat et le Christ donne à cette femme une nouvelle vie, d’une nouvelle qualité, une vie dans laquelle Dieu manifeste qu’il est proche.
Le Christ, Fils de Dieu incarné, se révèle totalement solidaire des hommes. Il entre dans la synagogue, puis dans la maison de Pierre, écoute les familiers de la malade et la guérit. Il lui donne une vie nouvelle qui non seulement la guérit, mais lui donne de le servir en servant les autres, tous ceux qui sont venus avec lui. Pour la belle-mère de Pierre, servir Jésus et ceux qui l’accompagnent est tout un. Le Fils de Dieu qui s’est fait homme, ne fait plus qu’un avec ceux qu’il appelle ses frères : « Ce que vous faites au plus petit d’entre les miens, c’est à moi que vous le faites », dit Jésus. De fait, aussitôt remise sur pieds, elle se mit à les servir. En les servant, elle sert Jésus qui a ainsi qualifié sa mission : « Le Fils de l’homme est venu pour servir et non pour être servi ». En servant Jésus et ses disciples, elle fait sien ce service de charité qui caractérise la mission du Christ envers toute l’humanité. Ce n’est que lorsque nous sommes guéris de notre péché, lorsque nous accueillons le salut, que nous devenons capables de poser les actes de Dieu, les gestes d’amour du Fils de Dieu dans notre l’humanité et pour toute l’humanité.
Et puis vient la nuit – qui dans l’Évangile de Marc est toujours un moment dramatique – le mal apparaît sous diverses formes, les malades et les possédés du démon, le sabbat s’achève et les gens reprennent le cours de la vie ordinaire. Cependant, en quittant la synagogue, le lieu de réunion pour la prière des juifs, ceux-ci à nouveau se rassemblent, mais devant la porte de Pierre, pensant certainement que le Christ possède une puissance de guérison extraordinaire, beaucoup plus puissante, beaucoup plus forte, beaucoup plus efficace que la prière des prêtres du Temple.
Pour que les hommes découvrent qu’ils sont enfants de Dieu
Ils ne comprennent pas que le Christ apporte autre chose que la guérison corporelle, quelque chose de totalement nouveau. Jésus est venu pour se donner lui-même, mais ces braves gens voudraient qu’il accomplisse simplement des signes qui démontrent son pouvoir de guérisseur, pour soulager les blessures du vieil homme. Mais le Christ, l’Homme nouveau, est venu pour régénérer l’homme et lui donner une vie nouvelle. Il est venu pour révéler le Père, afin que chacun puisse connaître le Père et vivre comme un fils, libre, en présence de Dieu présent au milieu de nous. Le Fils de Dieu est celui qui nous communique sa vie de Fils par le baptême, qui nous nourrit de son eucharistie, qui nous guérit en nous pardonnant nos péchés. Il est bien plus qu’un faiseur de miracles. Jésus se retire donc, et va s’adonner à la prière. Il se tourne vers le Père, il reste avec le Père, car c’est cette relation filiale qu’il veut révéler au monde, pour que les hommes découvrent qu’ils sont les enfants de Dieu.
« Tout le monde te cherche »
Marc ajoute que Pierre et ceux qui étaient avec lui se mirent sur les traces de Jésus : « Tout le monde te cherche ! » Mais pourquoi le cherchent-ils ? Pour faire du Christ ce roi qui correspondrait à leurs attentes, qui satisferait leurs désirs, qui leur proposerait une sorte de religion améliorée ? Ailleurs, dans l’évangile selon saint Jean, Jésus leur reproche : « Mais vous ne voulez pas venir à moi pour avoir la vie » (Jn 5, 40). C’est pourquoi il s’en va et les invite à le suivre, c’est-à-dire, à devenir ses disciples, non seulement en vivant avec lui, mais en partageant sa mission, celle d’annoncer la Bonne Nouvelle : « Allons ailleurs, dans les bourgades voisines, afin que j’y prêche aussi ; car c’est pour cela que je suis sorti ».
La journée de la Vie, en Italie
En ce dimanche où la Conférence épiscopale italienne nous invite à célébrer la Journée de la Vie, faisons nôtre cette invitation : « Le plein exercice de la liberté requiert la Vérité : si nous voulons servir la vie avec une vraie liberté, les chrétiens et tous les hommes de bonne volonté doivent s’engager à connaître et à faire connaître la Vérité qui seule nous rend vraiment libres. Nous pourrons ainsi accueillir avec joie “toute vie humaine, unique et irremplaçable, qui vaut par elle-même, et constitue une valeur inestimable” (Pape François, 25 mars 2020, 25 ans après Evangelium vitae). Les hommes et les femmes vraiment libres font leur l’invitation du Magistère: “Respecte, défends, aime et sert la vie, chaque vie, chaque vie humaine! Ce n’est que sur cette direction que tu trouveras justice, développement, liberté, paix et bonheur !” ».
Amen !
Bernard Ardura, o.praem.
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