
14 mars 2021
Frères et Sœurs,
Nous sommes à mi-chemin de notre montée vers Pâques. Nous nous réjouissons de pouvoir bientôt célébrer la Résurrection du Christ. Ce dimanche est appelé dimanche de « laetare », qui signifie se réjouir, pour cette raison.
La liturgie de la parole insiste sur une double réalité :
D’une part, la sollicitude ou la prévenance de l’Amour de Dieu, son appel gratuit, et d’autre part l’attitude de l’homme face à cet Amour, à cet appel, et sa réponse.
Nous percevons la prévenance ou la délicatesse de l’amour de Dieu dans la mesure où nous y sommes attentifs à travers les événements de nos vies et l’actualité du monde.
La providence de Dieu se manifeste ainsi !
Déjà dans l’Ancien Testament, les Prophètes avaient rappelé que c’est à travers les événements politiques – heureux ou malheureux – que s’accomplit le dessein de Dieu et aussi qu’est mise à l’épreuve la fidélité des croyants !
C’est ce qu’explique aujourd’hui le second Livre des Chroniques, dans la première lecture, en évoquant la longue patience de Dieu et son œuvre inlassable de libération à une période qui fut décisive dans l’histoire du peuple élu.
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Saint Paul connaissait bien ces textes, et dans la seconde lecture nous l’avons entendu s’exprimer ainsi : « Frères, dit-il, Dieu est riche en miséricorde … Il nous a donné la vie avec le Christ : c’est bien par grâce que vous êtes sauvés… Cela ne vient pas de vous. C’est le don de Dieu ». (Eph 2, 4-10)
Cela éclaire d’une manière nouvelle et décisive chacune de nos existences personnelles mais aussi l’histoire du monde et l’histoire de l’Église illuminée par le témoignage des saints!
Frères et Sœurs,
Nous connaissons bien ces paroles du Christ : « Sans Moi, vous ne pouvez rien faire… » (Jn 15, 5)
Et pourtant, si !
Il y a une chose que l’homme est capable de faire seul, et qu’il fait même trop souvent : C’est de refuser l’appel de Dieu, et de continuer ainsi cette longue liste d’infidélités évoquées dans la première lecture.
D’où l’insistance de l’Evangile, sur notre responsabilité.
Il ne s’agit pas seulement pour nous chrétiens de contribuer à l’édification d’une société plus juste, plus solidaire, plus fraternelle, même si c’est important et qu’il faut le faire.
Il s’agit d’adhérer par la Foi, à cette vérité fondamentale que tout vient de Dieu, que nous retournerons à Lui et qu’à travers chacune de nos vies, nous sommes appelés, par le Christ à Lui faire confiance.
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Laissons-nous interpeller aujourd’hui par ces paroles du Christ dans l’Evangile : « Celui qui fait la vérité vient à la lumière » (Jn 3, 21) autrement dit, nous devons préférer la lumière aux ténèbres, et faire véritablement de la lumière de l’Evangile, la lumière qui éclaire notre vie !
Pour cela, il nous faut demander la grâce de la persévérance et la force de l’Esprit Saint pour vivre un jour à la fois dans la Foi !
C’est cela la conversion à laquelle il nous faut consentir avec la grâce de Dieu, durant ce carême.
Le carême nous prépare, tous et chacun en particulier, vous et moi, à vivre sa propre Pâque qui sera le passage de ce monde vers le royaume de Dieu qui est le but ultime de notre vie.
Chacun n’a qu’une vie dont il devra rendre compte à Dieu, et c’est chacun qui choisit librement sa destinée !
Le Christ est la « lumière du monde » : celui qui s’en éloigne va vers les ténèbres…
Frères et Sœurs,
Le Christ est le « Bon Pasteur » qui est venu « non pour juger le monde mais pour le sauver. » (Jn 12, 47)
Et pourtant il nous arrive de croire que parce que nous nous éloignons de Dieu, Dieu s’éloigne de nous. Souvenons-nous alors de ces rencontres lumineuses dans l’Evangile :
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– la Samaritaine : « va et ne pèche plus ! » lui dit Jésus… – Saint Pierre, à qui le Christ demande à trois reprises « m’aimes-tu ? et qui va Le renier trois fois… Il découvrira dans le regard du Christ l’étendue de son pardon au moment où Il le constitue gardien et pasteur de son peuple ! »
– Le bon larron en croix au côté de Jésus, qui in extremis, s’ouvre au salut, et à qui nous devons la merveilleuse promesse du Christ : « aujourd’hui même, tu seras avec moi au paradis ! »
A l’instar du bon larron, quiconque pose sur Jésus crucifié un regard de Foi et d’Amour est sauvé, son péché est englouti dans la mort du Christ, et il retrouve la vie en Jésus ressuscité.
Il n’est pas de péché que le Christ ne puisse pardonner.
C’est l’expérience que nous faisons quand nous allons nous confesser ; par le ministère du prêtre Dieu nous comble de sa miséricorde.
Dans l’Evangile le Christ nous révèle la raison ultime de notre salut : « Dieu a tellement aimé le monde qu’Il a donné son Fils unique, afin que quiconque croit en Lui ne se perde pas, mais obtienne la Vie éternelle. » (Jn 3,16)
Frères et Sœurs,
A l’heure de notre mort, que Dieu seul connaît, chacun quittera ce monde où nous sommes de passage : Et il s’agira d’être au rendez-vous !
Personne ne pourra se faire remplacer pour ce moment où nous rencontrerons le Seigneur.
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Nous pourrons alors, en regardant notre vie s’échapper, ou bien vouloir nous y accrocher désespérément, pour ne pas avoir le sentiment de perdre pied, ou bien l’offrir, la remettre à Celui qui en est l’origine parce que le Seigneur sera là, présent, comme Il sera notre A-venir, si nous le voulons !
A l’approche de Pâques, mieux que les Hébreux regardant le serpent de bronze, regardons avec les yeux de la Foi le Christ élevé sur la Croix.
Il s’expose aux regards de toute l’humanité pour délivrer les hommes de leurs péchés.
Frères et Sœurs,
Tout à l’heure, nous allons dire, comme à chaque messe : « Seigneur, je ne suis pas digne de te recevoir ; mais dis seulement une parole et je serai guéri. »
Commentant ces paroles du centurion romain (Luc 7, 7), le Pape François disait lors de l’audience générale du mercredi 3 mars dernier que « dialoguer avec Dieu est une grâce, nous n’en sommes pas dignes… mais Jésus est une porte qui s’ouvre. »
A la suite du centurion, puissions-nous, avant de communier prononcer ses paroles, avec Foi et de tout notre cœur, pour témoigner de l’Espérance qui « ne déçoit pas ». (Rm 5, 5)
AMEN