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En célébrant ce quatrième dimanche de l’Avent, nous sommes de plus en plus dans l’attente de la venue du Seigneur, le Dieu fait homme qui a voulu habiter parmi son peuple.
Nous savons que dès le début de l’Histoire du Salut Dieu est proche et présent auprès des hommes. Mais cependant l’incarnation du Verbe de Dieu, a été une irruption absolument inhabituelle et unique. Imaginez-vous ! Par rapport à la conception de Dieu que les juifs avaient jusqu’alors, l’incarnation bouleverse les repères.
Depuis les temps anciens, Dieu s’était manifesté par la présence des anges et la voix des prophètes, ou par des visions particulières comme celles vécues par Moïse. Cette fois-ci, il a voulu exprimer sa sollicitude pour nous en venant lui-même comme homme… « et le Verbe s’est fait chair, il a planté sa tente parmi nous ».
Mais le plan de Dieu dépasse toujours la compréhension humaine et surprend en permanence ceux d’entre nous qui essayent d’embrasser tout son mystère. Il est toujours plus grand, plus fort et, bien sûr, absolu. Mais il nous l’a révélé par le biais d’un paradoxe : il est grand dans son abaissement, il est fort dans sa fragilité, il est absolu dans sa soumission à la relativité du transitoire. Ainsi, le Dieu qui mérite toute l’adoration, la louange et la fidélité, se présente avec le visage de la tendresse et de la miséricorde, non pas comme le Dieu terrible, mais comme le Dieu vulnérable… non pas comme le Dieu qui demande à être servi, mais comme celui qui se met au service de ses propres créatures infidèles mais éternellement aimées.
Examinons la scène du roi David dans la première lecture d’aujourd’hui. David, sûrement avec les meilleures intentions du monde et voulant donner ce qu’il y a de plus beau à Dieu, a prévu de lui construire un temple. Or c’est Dieu qui est le Créateur de David, c’est Dieu qui lui a donné la royauté, c’est Dieu qui lui a donné la victoire sur tous ses ennemis… On comprend alors pourquoi, par la voix du prophète Nathan, Dieu demande, presque avec étonnement : « Est-ce toi qui me bâtiras une maison pour que j’y habite ? » Et Dieu lui-même répond à cette question en assurant à David que c’est Lui, le Dieu d’Israël, qui lui construira une maison pour lui et ses descendants… Dieu est généreux, ses plans dépassent les nôtres et tout ça pour nous, il nous exprime son amour un peu comme une mère qui cajole son bébé.
Mais nous trouvons tous qu’il est difficile d’entrer dans cette dynamique de permettre à Dieu d’être Dieu. Nous essayons toujours de « faire des choses » pour plaire à Dieu, pour le rendre heureux… mais de cette façon, nous pouvons facilement tomber dans la tentation de vouloir trouver un équilibre et nous sentir satisfaits, après avoir « payé » Dieu pour tout ce qu’il nous a donné…
Chers frères et sœurs… il n’y a rien que nous puissions faire ou donner au Seigneur pour qu’il nous aime davantage, pour qu’il augmente son amour pour nous. Cet amour infini se manifestait déjà en Jésus-Christ qui a donné sa vie pour nous, versant son sang au prix d’une croix. Il est vrai que tout ce qui est bon et noble que nous faisons pour Dieu Lui plaît, et lui plaît beaucoup. C’est bon de le faire, c’est nécessaire ! Mais ne tombons jamais dans la tentation de mener des actions pour atteindre l’amour de Dieu… il est gratuit.
Que nos bonnes œuvres soient plutôt une réponse a cet amour. Réponse insuffisante, certes, mais réponse quand même, à Celui qui nous a aimés le premier… Nous devons laisser Dieu être Dieu, conscients que nous sommes appelés à l’aimer de toutes nos forces avec et à partir notre fragilité. Et de là il peut faire beaucoup plus… et cela nous rend immensément libres, car Dieu aime notre petitesse et notre fragilité ! Si je suis conscient de mon besoin de Dieu, cela augmente mon désir d’être avec lui et de vivre en sa présence.
Ce fut certainement l’expérience de la Très Sainte Vierge Marie, et l’Évangile de l’Annonciation que nous avons écouté aujourd’hui, nous le fait toucher du doigt. Elle est la demeure que Dieu lui-même a construite, pour y vivre. Et elle était disposée aux plans de Dieu, totalement, consciente de son impuissance à réaliser la proposition que Dieu lui faisait. « Comment cela va-t-il se faire, puisque je ne connais pas d’homme ? » La jeune fille de Nazareth se savait petite… C’est ce qu’elle dira plus tard à sa cousine lorsqu’elle chantera le Magnificat : « Le Seigneur a regardé la petitesse de sa servante ».
Cet accueil est ce qui aura eu le plus de fécondité dans l’histoire. Le oui de Marie résonne encore aujourd’hui dans toute la création, rachetée, libérée et restaurée par la grâce que Dieu nous a donnée en sa servante.
Ce oui de Marie est le même oui que Dieu attend de nous tous les jours, aujourd’hui, ici, maintenant. Le plan de Dieu nous est offert à chaque instant de notre existence. Dieu veut se rendre présent au milieu du monde à travers nous, afin que tous puissent connaître Jésus, le Fils de Dieu. Et ce oui, qui manifeste la présence du Seigneur dans notre vie quotidienne, nous pouvons le donner chaque fois que nous acceptons d’être témoins de l’amour de Dieu au sein de la société, de la famille, du quartier, du monde. Chaque fois que nous avons la possibilité de pardonner à quelqu’un qui nous a offensés, d’aider quelqu’un dans le besoin, d’accompagner avec charité ceux qui sont seuls, nous répondons par un oui généreux à Dieu. Et ce oui deviendra la présence de Dieu dans notre vie quotidienne, et la face de la terre en sera renouvelée.
Chers frères et sœurs, la crèche dans laquelle Jésus veut naître chaque Noël, mais aussi chaque jour, c’est notre cœur. Un cœur souvent pauvre, précaire, comme la crèche de Bethléem, mais suffisante pour un Dieu qui nous supplie de l’accueillir. Pour que soyons avec lui lumière pour le monde.
Il reste quatre jours avant Noël. Restons attentifs pour accueillir Jésus, qui guérit et qui sauve un monde qui a besoin de son amour, de sa miséricorde et de sa tendresse. Viens, Seigneur Jésus !
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