Le Dimanche 13 juin 2021, Église Saint-Louis-des-Français.

Frères et Sœurs dans le Christ,

L’Évangile de ce jour nous offre deux paraboles du Royaume de Dieu et nous montre une rencontre génératrice de vie, la rencontre entre la semence, don de Dieu, et la terre.

Dans la première parabole, il y a beaucoup de semences. C’est l’annonce de la Pâque du Christ, cœur de la foi chrétienne, dispersée dans le champ de notre humanité. La terre qui accueille cette semence c’est chacun de nous ouvert à accueillir le don de Dieu, Seigneur de notre vie, Seigneur de l’histoire. Le temps patient de la croissance des semences jusqu’à la récolte est le temps de l’Esprit Saint, qui agit dans le cœur de chacun d’entre nous, fait germer et s’épanouir notre foi en Jésus mort et ressuscité pour nous. La terre représente chacun de nous avec sa liberté. Une bonne terre, c’est notre liberté ouverte au don de la Parole, pour que le Christ mort et ressuscité se révèle dans les profondeurs de nos cœurs et nous fasse porter du fruit, car toute vie humaine destinée à donner de bons fruits est une vie transformée par le don de la Parole.

Dans la seconde parabole, il n’est question que d’une minuscule graine de moutarde qui peut représenter le don du Verbe éternel, le Fils de Dieu, qui vient assumer notre condition humaine sur notre terre. N’était-il pas une minuscule graine dans ses quelques années de vie passées dans ce monde, par rapport à toute l’humanité ? Sa mission, à l’heure de sa mort sur la croix, semblait même un échec total, comme une minuscule graine de moutarde, si petite qu’elle paraît insignifiante. Pourtant cette semence solitaire est devenue une plante capable d’accueillir les oiseaux du ciel qui peuvent s’abriter dans son ombre. La terre a collaboré pour que cette petite semence, la Parole de Jésus le Fils de Dieu, devienne une plante, la communauté des croyants, le peuple de Dieu, l’Église, placée dans le monde comme signe de salut pour tous les peuples, représentés par les oiseaux qui viennent y chercher refuge.

Nous sommes la terre, avec nos limites, avec nos efforts, nos doutes, notre pauvreté, nos maladies, mais aussi avec notre potentiel, nos dons, notre bonne volonté, surtout notre liberté d’accueillir le don de la Parole et de collaborer avec ce que nous pouvons donner, avec notre humanité, pour que ce don divin porte ses fruits. Le Royaume de Dieu est le fruit de cette rencontre entre le don divin du Christ, à travers l’annonce de la Parole de Dieu, et notre humanité. C’est notre liberté, c’est notre responsabilité de disciples du Christ.

Jésus raconte des histoires de vie des hommes et les fait devenir des histoires de Dieu.

Ainsi, Jésus, avec ses paraboles, choisit toujours des mots qui évoquent la maison, les champs, la pêche, les troupeaux, des mots de la vie quotidienne. Il raconte des histoires de vie des hommes et les fait devenir des histoires de Dieu. Dans les paraboles, Jésus fait se rencontrer notre monde et le monde divin. Ce qui se passe dans la vie profonde de chaque être advient aussi dans le Royaume. Une puissance cachée et divine est à l’œuvre, infatigable. Avec Jésus, la terre, l’homme, tout est en chemin, fleuve de vie qui coule intarissable. Le monde entier est en route, avec son rythme mystérieux, vers la floraison et la fructification, sous l’action du Dieu d’amour.

C’est dans la nature de Dieu et dans la nature de l’homme de donner.

Le sol produit par lui-même, par sa propre énergie et son harmonie. Dieu l’a créé pour que dans sa nature il soit don, puissance de croissance. C’est dans la nature de Dieu et dans la nature de l’homme de donner. Dieu agit non par soustraction, jamais, mais toujours par addition, accroissement, augmentation de la vie. Créé par lui, le sol produit spontanément. La graine ne fait aucun effort, le sol ne fait aucun effort, comme la lampe n’a pas à faire d’effort pour éclairer si elle est allumée ; le sel ne fait aucun effort pour donner du goût aux aliments. Donner est dans leur nature. C’est la loi de la vie : pour être bien, l’homme aussi doit donner et se donner.

Enfin, quand le fruit est mûr, il se donne, il est même livré

Enfin, quand le fruit est mûr, il se donne, il est même livré, une expression insolite et belle, qui renvoie à la parole même avec laquelle Jésus se livre à sa passion. Et rappelons-nous que l’homme et la femme sont mûrs quand ils sont prêts à se donner. Dans les paraboles, le Royaume de Dieu est présenté comme une croissance, une vie. Dieu vient comme une force vitale, évoquée par le prophète Ézéchiel, comme une dynamique qui s’installe en notre cœur et nous invite à une ascension spirituelle, à consentir à une évolution de notre être, vers la vie qui ne finit pas, car c’est celle de Dieu qui nous appelle, comme saint Paul y invitait les Corinthiens. Quand Dieu entre en jeu, tout entre dans une dynamique de croissance, même si cela commence par des germes minuscules :

Dieu aime enfermer
le grand dans le petit :
l’univers dans l’atome,
l’arbre dans la graine,
l’homme dans l’embryon,
le papillon dans la chenille,
l’éternité dans l’instant,
l’amour dans un cœur,
lui-même en nous, qu’il a voulu créer à son image et à sa ressemblance.

Amen !

Bernard Ardura, o.praem.

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